Comme vous le savez, parmi ceux qui ont travaillĂ© sur l’Ă©limination des consĂ©quences de l’accident de la centrale de Tchernobyl Ă©taient des mineurs. Avec les installateurs, ils ont construit un tunnel horizontal, le plaçant directement Ă la base de la quatrième unitĂ© de puissance.
En consĂ©quence, un Ă©norme système de bĂ©ton rempli de tuyaux et d’Ă©quipements spĂ©ciaux a Ă©tĂ© montĂ© sous le rĂ©acteur. Toute cette construction massive devait Ă©liminer le risque de contamination des eaux souterraines.
Souvenirs de mineurs
D’après les souvenirs d’Andrei Nosov, passeur de la station «Nikulinskaya», la sociĂ©tĂ© de production Tulaugol”: « Nous avons Ă©tĂ© laissĂ©s après le quart de nuit. Ils ont annoncĂ© qu’un accident s’Ă©tait produit quelque part en Ukraine et que nos camarades avaient besoin d’aide pour surmonter ses consĂ©quences le plus rapidement possible – ils ont besoin de notre aide. Des passeurs ont commencĂ© Ă recruter une brigade de volontaires. Nous n’avions aucune idĂ©e Ă l’Ă©poque que nous nous inscrivions Ă la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl. Nous sommes rentrĂ©s chez nous pour avertir nos proches que nous partons en voyage d’affaires. OĂą? Pour combien de temps? Personne ne savait rien. Mais nous Ă©tions tellement Ă©levĂ©s. On nous a dit qu’ils avaient besoin d’aide – et nous sommes partis. Volontairement, quoi que quelqu’un dise aujourd’hui». Quelques heures plus tard, de Domodedovo Ă Kiev, un vol spĂ©cial, Ă bord duquel se trouvaient des volontaires 150 de “Tulaugol”, s’est envolĂ©. Le 12 mai, nous Ă©tions en ligne avec nos camarades du Donbass. Ils travaillaient auparavant sur des sols durs-c’est leur spĂ©cialitĂ©. Et sous le rĂ©acteur, il y avait du sable. C’est notre travail, cela nĂ©cessite d’autres Ă©quipements, les soi-disant boucliers pour la construction du mĂ©tro, dĂ©veloppĂ©s par nos spĂ©cialistes de Toula. C’est pourquoi nous nous sommes retrouvĂ©s Ă Tchernobyl».
Pourquoi Ă©taient les mineurs Ă Tchernobyl
Le tunnel de 136 mètres sous le quatrième rĂ©acteur a Ă©tĂ© construit en raison de la crainte que la fusion de l’uranium secondaire se produise et par consĂ©quent, une rĂ©action en chaĂ®ne secondaire pourrait entraĂ®ner une autre catastrophe Ă la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl.
Ă€ son tour, cela conduirait Ă la fusion de la plaque de base du rĂ©acteur et la soi-disant «fonte» pourrait frapper les eaux souterraines avec des radiations, qui tombent dans le Dniepr, ont portĂ© le risque de contamination complète de l’ensemble du bassin de la mer noire.
Par conséquent, il a été décidé de construire une autre structure spéciale avec des échangeurs de chaleur sous la plaque de fondation du réacteur. C’est une plaque qui grâce à un équipement de dissipation de chaleur intégré, pourrait refroidir le réacteur.
D’après les souvenirs d’Ivan Alexandrovich, spĂ©cialiste des travaux de fixation de la station «Novomoskovskaya”, la sociĂ©tĂ© de production “Tulaugol”: «388 personnes ont travaillĂ© sur la construction de cet objet. Parmi eux 154 mineurs du bassin de Moscou et 234 mineurs du Donbass. Il Ă©tait nĂ©cessaire dans les plus brefs dĂ©lais, avant d’approcher la base de la quatrième unitĂ© de puissance, de construire un tunnel de 136 mètres sur lequel poser des rails pour les wagons et de poser les installations de communication nĂ©cessaires. Nous avons travaillĂ© dans une famille unie, mĂŞme sans interrompre le processus de construction pour une seconde. Parfois, nous avons littĂ©ralement enlevions les pelles des mains les uns les autre-comme ça nous avons travaillĂ©, l’Ă©paule contre l’épaule, quart de travail 24 heures sur 24. Au total il y avait seize Ă©quipes, chacune travaillant trois heures. Tout le monde comprenait très clairement sa tâche, savait combien il devait faire dans le temps imparti. Tous les quarts de travail Ă la centrale de Tchernobyl ont Ă©tĂ© combinĂ©s en une “montre”, l’une montre–quinze jours”.
D’après les souvenirs de Vladimir Naumov, le mineur de la station «Nikulinskaya«, la sociĂ©tĂ© de production «Tulaugol”:  » Le principal problème Ă©tait le rayonnement. Ă€ l’endroit oĂą nous avons commencĂ© le travail son niveau Ă©tait Ă©levĂ©. Mais quand nous sommes entrĂ©s Ă l’intĂ©rieur, le rayonnement Ă©tait dans les limites de la normale. Le travail a Ă©tĂ© effectuĂ© de manière complexe, par les forces des mineurs, des mĂ©caniciens, des Ă©lectriciens, des machinistes et des bulldozers. Avec cette composition nous avons effectuĂ© la pose d’un tunnel sous la quatrième unitĂ© de puissance. Les derniers mètres ont Ă©tĂ© travaillĂ©s Ă la main. Tout cela a Ă©tĂ© fait dans le but de crĂ©er un «coussin» en bĂ©ton supplĂ©mentaire sous la base du rĂ©acteur. Alors affectueusement surnommĂ© notre conception, bien que pour une telle structure techniquement complexe ce n’est pas tout Ă fait un nom objectif. Petit Ă petit, jour après jour, nous nous sommes rapprochĂ©s du centre du rĂ©acteur. Pendant ce temps, nous avons enlevĂ© plusieurs milliers de mètres cubes de sol, posĂ© des barres d’armature, effectuĂ© l’installation de l’Ă©quipement nĂ©cessaire, produit le bĂ©tonnage de l’espace. On parlait peu de radiations. Tout le monde savait que les instruments des dosimètres dĂ©passaient constamment l’Ă©chelle. Sur le toit d’un rĂ©acteur dĂ©truit il y a une zone interdite, des milliers de rayons x par heure. Mais Ă l’endroit oĂą se trouvaient les restes du combustible nuclĂ©aire dispersĂ© par l’explosion– 400-500 rayons x par heure. Pour notre travail les dosimètres ont tracĂ© un itinĂ©raire plus ou moins normal selon ces normes. Le seul point près du mur arrière oĂą il y avait 200 rayons x, nous avons juste couru très vite, en quelques secondes. Mais nous avons recouvert la fosse d’une pellicule de plastique pour minimiser la possibilitĂ© de poussière radioactive d’y pĂ©nĂ©trer».
Le mineur Boris Karasev se souvient, il est venu Ă Pripyat de la sociĂ©tĂ© «Tulaugol »: « vingt mineurs ont travaillĂ© avec moi. LĂ , sous terre, le score Ă©tait de minutes. Mon quart de travail en trois heures a expĂ©diĂ© des chariots de sol 42, presque une demi-tonne chacun, l’a emmenĂ© Ă la fosse et a livrĂ© une partie des raccords destinĂ©s Ă l’installation sous la base du rĂ©acteur. Avec les mineurs du Donbass, ils ont remis chaque site de travail pour l’installation ultĂ©rieure de pipelines et d’Ă©quipements de refroidissement. L’enthousiasme, en particulier chez les jeunes, Ă©tait extraordinaire. L’idĂ©ologie et l’Ă©ducation Ă cette Ă©poque Ă©taient construites sur une position civique active. Qui sinon nous? Pour mĂ©moire, depuis le dernier endroit de la mine oĂą le “talon” du rĂ©acteur Ă©tait suspendu au-dessus de nous, nous voulions prendre un morceau de pierre brisĂ©e. Tout le monde a compris que le bĂ©ton allait bientĂ´t remplir la dernière partie du «coussin» et que personne ne pourrait jamais toucher la base du rĂ©acteur. Mais « souvenir » nous n’avons pas Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă prendre, ce n’Ă©tait pas clair”.
Mine de rayonnement
Tous ceux qui travaillaient sous le rĂ©acteur travaillaient apparemment dans des conditions non naturelles. Mais les gens n’Ă©taient pas ordinaires. Les mineurs se comprendront toujours avec un demi-mot: par gestes, par les yeux, sur les doigts– comme des sous-marins sous l’eau, des parachutistes dans les airs. Ils ont accompli leur tâche avant la date limite fixĂ©e par la commission gouvernementale. Ă€ ce jour, sous le rĂ©acteur il reste un mur de bĂ©ton dans lequel l’Ă©quipement de rĂ©frigĂ©ration a Ă©tĂ© montĂ©.
Cela a Ă©tĂ© fait par de jeunes mineurs âgĂ©s de 25 Ă 30 ans, travaillant dans les conditions les plus difficiles et les plus dangereuses. Parmi ces mesures de radioprotection, ils n’avaient que des «pĂ©tales» dans lesquels il Ă©tait inconfortable de travailler, tout comme les vĂŞtements qui Ă©taient immĂ©diatement trempĂ©s dans la sueur. Et peu de gens pensaient alors sĂ©rieusement aux consĂ©quences.
Les mineurs disent souvent qu’au dĂ©but du voyage d’affaires, sur la route de Boryspil Ă Tchernobyl, ils ont chantĂ© des chansons dans le bus, tout le monde avait une certaine humeur optimiste. Après avoir purgĂ© un temps titaniquement difficile Ă la centrale de Tchernobyl, sur la route du retour, beaucoup ont pleurĂ©, comme s’ils Ă©taient allĂ©s Ă la guerre, ont perdu leurs nerfs.
Ă€ la maison leurs proches ont dit que pendant le voyage d’affaires les mineurs avaient vieilli de plusieurs annĂ©es. Après un certain temps, beaucoup ont commencĂ© Ă tomber des dents, il y avait des problèmes avec le fonctionnement des organes internes. Les visites constantes chez les mĂ©decins ont commencĂ©. Beaucoup de mineurs-volontaires n’ont mĂŞme pas vĂ©cu jusqu’Ă l’âge de 40 ans.